Sociologie des " élèves supposés " par les manuels et de leurs usages dans les classes : une entrée pour questionner les didactiques des disciplines.

texte en ligne sur : http://www.hepl.ch/cms/accueil/formation/unites-enseignement-et-recherche/agirs-acteurs-gestions-identites/actualites/colloque-sociologie-et-didactiqu.htmlInternational audienceEntre le niveau macrosociologique des conditions sociales dans lesquelles se déroulent les scolarités et la constitution des programmes et le niveau microsociologique des interactions d'enseignement-apprentissage dans la classe, comment les façons d'enseigner sont-elles modelées par des conceptions sociales, dont les effets pourraient contribuer aux inégalités sociales d'apprentissage ? Cette question a guidé une recherche sur les supports pédagogiques, pensés à un niveau intermédiaire. D'une part, ils cristallisent des influences et notamment des définitions sociales de l'apprenant et de l'activité intellectuelle (ou " élèves supposés " - par les didactiques, par les classes sociales, par les programmes...). D'autre part, la mise en forme des contenus et des activités intellectuelles sollicitées influe sur les usages possibles de ces supports par les enseignants et les élèves. Ainsi, les manuels contraignent en partie l'usage qui peut en être fait, tout en laissant possible des usages différents, sources potentielles d'inégalités. Nous avons été attentifs aux prérequis sociaux dans les manuels, ainsi qu'aux incitations à des activités de niveau intellectuel différents selon les " élèves supposés " par ces supports. L'analyse a porté sur les modalités de " cadrage " de l'activité des élèves et des enseignants par les manuels. D'abord, l'étude diachronique des manuels montre l'évolution de l'élève supposé : schématiquement, les exigences intellectuelles s'élèvent avec le passage d'un élève " à instruire " qui peut réciter et imiter ce qu'on lui donne à voir, à un élève " à faire réfléchir " invité à s'interroger, à formaliser lui-même les textes de savoir... mais qui est souvent un élève " connivent " avec les évidences scolaires. Celui-ci est accompagné d'une 2e définition sociale de l'élève, " par défaut ", à qui il faut tout dire et que l'on engage sur des activités de moindre niveau intellectuel. Ensuite, l'étude synchronique des manuels scolaires et parascolaires montre comment les deux élèves supposés (le " connivent " et celui " à l'ancienne ") cohabitent différemment dans les manuels actuels selon qu'ils sont destinés à être utilisés par les enseignants ou les parents. Enfin, nous évoquons les usages dans les classes, et les effets fréquents de ces manuels